Visite d’un ancien hivernant

Il s’appelle Armel Ménez, il a 37 ans et, il y a dix ans il était hivernant sur l’île de la Possession (archipel de Crozet).

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Nous avons eu la chance de le rencontrer dans le cadre de notre IDD sur les Terres australes. Nous avons pu lui poser toutes nos questions sur son expérience là-bas en tant que Volontaire Civil à l’Aide Technique (VCAT).

En 2002, il y a pile 10 ans, Armel quitte Brest pour la Réunion. Là, il embarque sur le Marion Dufresne pour 6 jours de voyage. Direction : l’île de la Possession pour 1 an ! Au bout de trois jours de voyage, au passage de la convergence subantarctique, le climat change et le ciel devient de plus en plus noir. Les passagers restent alors à l’intérieur et s’occupent en jouant aux cartes, en regardant des films, en lisant…

Sur place, l’équipe de scientifiques et d’agents techniques (cuisinier, boulanger, pâtissier, électricien, mécanicien, plombier) s’installe dans la base Alfred-Faure. Chacun dispose d’une chambre de 15 à 20 m², c’est important pour souffler car l’équipe d’une vingtaine de personnes vit en communauté fermée, isolée sur l’île. La vie en communauté est très rythmée, le moment du repas est très important. La base dispose d’un médecin, d’un hôpital avec antenne satellite en cas de télé- chirurgie ! Les hivernants ne sont jamais malades… sauf une semaine après le passage du Marion Dufresne : les passagers transportent avec eux toutes sortes de virus.

Le climat sur place est marqué par le vent, supérieur à 100 km/h 120 jours par an. Et il n’est pas rare d’avoir des vents à 150 voire 180 km/h ! La température moyenne est de 5°C, elle peut descendre à – 5°C et monter à 20°C. Armel s’est baigné une fois, dans une eau à 5°C !

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Au quotidien, Armel réalise des relevés sismiques et magnétiques (magnétisme terrestre), il vérifie également que les machines enregistrent régulièrement les données demandées. Les autres scientifiques ont leurs missions, par exemple l’enregistrement des cris des poussins manchots pour étudier comment les parents retrouvent leurs petits dans la grande manchotière.

Les hivernants ont aussi des moments de loisir. Ils en profitent pour se promener et aller à la rencontre des animaux marins (manchots, éléphants de mer, orques…) et des oiseaux (pétrels, albatros, skuas…). Parfois, ils partent à pied pour plusieurs jours. Le tour de l’île est possible en une semaine, avec nuit dans des arbecs : ils y trouvent des touques (grands tonneaux bleus contentant la nourriture… même du Nutella !), des duvets. Pour boire, ils vont directement à la rivière, non polluée : l’eau ne manque pas !

Armel a découvert là-bas un autre environnement, a vécu l’expérience incroyable de la vie en communauté sur une île australe aux conditions extrêmes. C’était une « chance unique », il a vécu « un truc de fou », une « expérience hallucinante » et a mis deux ans « à se remettre à la vie normale ». Il en retient l’aventure humaine et peut-être y retournera-t-il un jour… en tant que cuisinier ? Mécanicien ?

Les cinquièmes A

L’article paru au Télégramme :

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